Les chroniques de Han-Maison
Chapitre 7
Un autre élément cloche dans la ville.
Je ne parviens pas exactement à saisir quoi, mais c’est comme si l’air était différent. Mamie Martine s’appuie sur moi alors qu’on commence notre marche sur la route principale. À notre gauche, les maisons maintenant vides se dressent, alors qu’à notre droite, on longe le désert. Le monsieur nous fait bifurquer vers une route secondaire. Là, les bâtiments sont recouverts d’énormes plaques de métal. Il y en a sur le toit et sur chacun des murs. Au travers des joints, je sens qu’on nous regarde. Des gens habitent ici. Je me rapproche de Charlie.
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Qu’est-ce que Mad Max penserait de la situation? Chuchotais-je.
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Ça ne sent pas bon Émile. Je ne sais pas à quoi servent ces plaques de métal, mais les gens essaient de se protéger de quelque chose. Quelque chose de vraiment, vraiment dangereux.
Un sentiment d’inconfort se dépose au creux de mon ventre. Nous tournons encore à gauche. Cette fois, nous empruntons un petit chemin qui nous éloigne de la ville. Je sens la pression redescendre un peu. Ces regards m’ont mis à cran. L’herbe n’est plus. Elle a été brulée et complètement desséchée. Par contre, les arbres sont encore là. Ils parsèment la route et ils sont tout en fleurs, si je peux le dire ainsi. Les bouts de leurs branches sont remplis de pollen qui s’envole en grosse boules roses dans les airs. Au travers de cette étrange clairière pousse une petite balustrade de roches. Derrière elle, se dresse la maison substitue de Han-Maison. Le monsieur nous fait arrêter à plusieurs mètres de la demeure, sous le couvert d’un grand arbre.
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Je ne vais pas plus loin, dit-il de sa voix grave. Revenez me voir à 22h, ici, tous les soirs. Je veux garder contact. Je me fous de comment vous allez vous y prendre, mais ma femme emménage dans cette maison d’ici les 30 prochains jours.
À ces mots, il repart sur le chemin que nous avons emprunté plus tôt.
Nous nous regardons. Charlie ouvre la discussion.
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On a besoin d’un plan. Je vous le dis tout de suite, la chance n’est pas de notre côté. On a aucune arme, aucune aide et absolument aucune connaissance du terrain.
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Arme? Peter avale presque sa moustache à ce mot. Je refuse d’utiliser une arme sur qui que ce soit. Mon grand-père est devenu infirmier durant la Première guerre mondiale pour éviter d’utiliser une arme. Oui monsieur, et je compte bien honorer sa mémoire!
Pit enclenche une mutinerie. Mamie Martine, Nancy et moi-même nous offusquons contre les méthodes musclées que Charlie laisse sous-entendre. Pas question de faire de mal à qui que ce soit.
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– Très bien, répond Charlie. Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’à les convaincre….
Quelques minutes de plus suffisent à ce qu’elle concocte notre plan. Il s’appuie sur trois phases.
Étape 1 : Leur faire croire que notre maison est détruite et que nous avons absolument besoin d’un refuge adapté temporaire.
Étape 2 : Gagner leur confiance.
Étape 3 ?
Bon, notre excuse pour les faire partir n’est définitivement pas au point, mais il nous reste du temps pour la trouver.
Ding dong.
On sonne à la porte de la maison. Et je suis le premier devant.