ACTUALITÉ/COMMUNAUTAIRE
De nouvelles initiatives pour faciliter la parentalité pour les personnes ayant un handicap
-Mathilde Tremblay, juin 2021-
Manque de services pour l’handiparentalité
Les parents ayant une limitation représentent aujourd’hui 4,8% des familles québécoises selon ce que rapporte l’Université de Québec à Montréal. Ce pourcentage de la population a tendance à se retrouver oublié par les programmes d’aide offerts. En effet, il existe plusieurs services pour les enfants et les adultes ayant une incapacité, mais peu pour tout ce qui touche le rôle de parent lui-même. Lors d’une entrevue avec le journal La Presse, Marjorie Aunos, mère en fauteuil roulant à la suite d’un accident de voiture, mentionne ces « toutes des petites choses dont on ne s’aperçoit pas comme société, parce qu’on ne s’imagine pas que des personnes en situation de handicap puissent être parents ». Par exemple, les lieux publics où elle a l’habitude de se rendre avec son enfant comme les parcs, l’école, l’aréna et la piscine municipale ne sont, bien souvent, pas adaptés à son fauteuil roulant. Il faudrait des rampes d’accès et davantage de stationnements réservés aux personnes handicapées dans ces endroits pour permettre à tous les parents de pouvoir s’impliquer dans la vie de leurs jeunes.
Peut-on suivre l’exemple de la France?
Cette année, la France a décidé d’inclure, pour la toute première fois, la parentalité dans les compensations financières que les personnes vivant avec une limitation peuvent recevoir. Dans la PCH (Prestation de compensation du handicap), 900 euros par mois pour les trois premières années de vie d’un bébé sont prévus ainsi que 450 euros pour les quatre prochaines années de vie de l’enfant. De plus, les handiparents reçoivent un montant de 3 600 euros comme budget pour se procurer du matériel pédiatrique adapté. Au Québec, les frais pour ce matériel adapté sont souvent couverts par des programmes gouvernementaux. Toutefois, contrairement à la France, il n’y a pas de fonds monétaires réellement prévus pour l’handiparentalité.
Réseaux d’entraide
Pour se faciliter la tâche et obtenir de l’aide, les parents ayant une limitation s’organisent de plus en plus autour de réseaux sociaux où ils communiquent avec d’autres personnes vivant la même situation qu’eux. Au Québec, ce phénomène a donné lieu à quelques pages et groupes Facebook sur lesquels les gens partagent leurs expériences en tant que handiparents. Ces pages qui portent des noms tels que « Groupe de discussion – parents en situation de handicap (qc) » et « Aides Handicapées Québec » se décrivent comme des lieux d’échange pour les familles à mobilité réduite. Elles permettent aux personnes en situation de handicap, aux proches-aidants et même au public de trouver des réponses à leurs questions et de s’entraider pour vaincre les obstacles de la parentalité avec une incapacité.
Des parents dévoués
La parentalité à mobilité réduite est souvent synonyme de dévouement pour ses enfants. Les mères et les pères s’occupent avec le plus grand soin de leurs petits qui, parfois, composent eux aussi avec un handicap. Sylvie Leblanc, handiparent et membre de l’organisme Handi-Capable, explique les nombreux spécialistes auprès desquels elle est allée chercher du soutien pour son enfant. Ainsi, ergothérapeute, physiothérapeute et orthophoniste ont pu l’aider dans son développement. Elle mentionne qu’elle et son fils ont dû composer avec la perte de services scolaires lorsque son fils a été jugé légèrement trop fort pour l’école spécialisée. Ça a été difficile l’école, « mais il a enfin fini par y arriver », lance Mme Leblanc. De son côté, Raymond Cyr, également membre de Handi-Capable et père, est prêt à s’impliquer au maximum dans l’éducation de son enfant. Il est reconnaissant pour les services que l’école offre à son fils et souhaiterait même avoir du soutient direct à la maison ou après les classes pour savoir comment s’y prendre pour l’aider.
Les mères et les pères ayant un handicap font preuve de persévérance pour élever leurs enfants. Ils sont également d’un grand support lorsque le garçon ou la fille en question est elle/lui aussi atteint.e d’une limitation. À tous les futurs handiparents, Sylvie Leblanc lance en concluant de « ne jamais se décourager ». Ces enfants « font notre bonheur même avec leur différence ».