La période pandémique questionne le programme d’éducation à la sexualité actuel

ACTUALITÉ/RÉFLEXION

La période pandémique questionne le programme d’éducation à la sexualité actuel

-Mathilde Tremblay, octobre 2021-

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La plupart des écoles primaires et secondaires des grandes régions du Québec qui ont été plus particulièrement touchées par la Covid-19 ont décidé de couper sur les heures d’enseignement normalement allouées à l’éducation à la sexualité et de les attribuer plutôt à d’autres matières comme les mathématiques et les sciences dans lesquelles les étudiants ont pris du retard.

À reculons

Pour certains sexologues, cette nouvelle constitue un grand pas en arrière pour l’acceptation de la sexualité comme étant un enjeu important durant le développement des adolescents. « Ça confirme un peu nos craintes. Je trouve ça dommage qu’on néglige ça », explique, au Journal de Montréal, la présidente de l’Ordre des sexologues du Québec Joanie Heppell.

Des pages blanches à remplir pour les groupes marginalisés

Depuis 2018, le ministère de l’Éducation attribue aux écoles primaires et secondaires un contenu relatif à la sexualité, aux relations affectives et à l’identité que ces établissements se doivent d’enseigner. Le pas de recul pris durant la pandémie combiné à la reconnaissance de plusieurs réalités sexuelles anciennement tus soulèvent la proposition de modifier le programme actuel pour une éducation à la sexualité plus inclusive.

Le rapport de recherche Promouvoir des programmes d’éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice dirigé entre autres par Julie Descheneaux doctorante en sexologie révèle à ce sujet que « les besoins des groupes traditionnellement marginalisés restent peu abordés et pris en charge dans l’éducation à la sexualité offerte au Canada ». C’est le cas notamment de la réalité sexuelle des personnes ayant un handicap qui est pratiquement absente de la théorie enseignée.

« Les jeunes issu.e.s de la communauté sourde présente 33% plus de risque de contracter le VIH que les jeunes entendant.e.s », mentionnent les auteurs de la recherche. Le rapport tend finalement vers l’actualisation d’une éducation à la sexualité qui permettrait à chacun de comprendre la réalité de l’autre pour une sexualité communicative et positive.