Mémoire autochtone

ACTUALITÉ/RÉFLEXION

Mémoire Autochtone

-Mathilde Tremblay en collaboration avec Raymond Cyr, octobre 2021-

madockowando
Né vers 1630 sur le territoire Wabanaki (Massachusetts et Maine actuel) et fils adoptif d’Essemonoskwe, un chef des Kennebec, Madockawando était le chef des Pentagouets , une tribu de la Confédération Wabanaki (abénaquise) et grand bashaba (chef des chefs) de la Confédération Wabanaki. Deux de ses filles Pidianskwe et Misoukdkosié) furent les épouses du baron Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Madockawando
)

Le 30 septembre dernier, la population canadienne soulignait pour la première fois la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation. En cette journée, les Canadiens et Canadiennes reconnaissaient les torts causés aux Premières Nations arrachées aux réserves et envoyées dans les pensionnats autochtones. C’était une occasion pour les victimes de ces écoles résidentielles, leurs familles et leurs descendants de raconter leurs histoires.

L’Histoire autochtone demeure néanmoins encore plus vaste et la mémoire de ces peuples est longue. Pour cet article, il a donc été choisi de donner la chance à un « Indien non inscrit », c’est-à-dire un membre des Premières Nations qui n’a pas habité une réserve, de raconter son histoire.

Raymond Cyr, membre de la communauté autochtone Wobtégwa, Indien non inscrit et Sage a accepté de partager une partie de la mémoire de son peuple pour l’occasion. Pour ce faire, Monsieur Cyr choisit de parler des descendants de Madockowando. Deux des filles de Madockowando (voir ci-haut) épousèrent le Baron de Saint-Castin venu de France. De leur union, naquit le premier village métis en Amérique. Des années plus tard, lorsque le gouvernement canadien voulut instaurer les réserves comme lieu d’habitation pour les Autochtones qui ne pouvaient plus suffire à eux-mêmes, la plupart des descendants de Madockowando ont refusé de s’y installer. Ils ont de ce fait perdu leurs terres et leur statut de « vrais Indiens ».

Même en vivant hors des réserves, les Indiens non inscrits n’ont pas été à l’abri des pensionnats. Monsieur Cyr explique que sa mère, lorsqu’elle était petite fille, a été envoyée en toute confiance, elle aussi, dans une de ces écoles. Les conséquences intergénérationnelles de cet événement sont visibles chez son fils qui vit avec un handicap physique dû à la maltraitance qu’il a subi tout au long de son enfance. Pour lui, la Journée de la vérité et de la réconciliation porte donc mal son nom. Il souligne que le terme «réconciliation» est utilisé lorsque deux partis belligérants en viennent à un accord alors que, dans le cas des Premières Nations, ce n’était pas deux groupes qui s’affrontaient, mais bien un peuple qui en dominait complètement un autre. C’est un cas d’oppression et de soumission. Pour Raymond Cyr, la Journée de la vérité et du pardon serait un nom plus près de la véritable histoire qu’ont vécu les siens.

Aujourd’hui, quelques Indiens non-inscrits dont les descendants de Madockowando sont rassemblés en un groupe qui porte le nom de Wobtégwa qui veut dire les oies sauvages ou les grands oiseaux. Le groupe tente de se faire reconnaitre par le gouvernement afin de pouvoir faire vivre sa culture avant qu’elle ne disparaisse.