Sylvie Godbout

LaTribune

LeSoleil

Publié le 01 septembre 2015 à 10h06 | Mis à jour le 01 septembre 2015 à 10h06 

 

Double vie; double défi

 

SylvieGodbout

Sylvie Godbout

Imacom, Maxime Picard

LaPresse

Emanuelle Boutin-Gilbert
La Tribune

 

(SHERBROOKE) Se relever après un accident n’est jamais évident, c’est pourtant ce qu’a fait Sylvie Godbout après avoir été happée par une moto lorsqu’elle avait 17 ans et des poussières. Le nouveau chapitre de cette vie, elle l’a pris de front et a continué de profiter de chaque moment.

« Je suis née deux fois. La deuxième fois, j’avais 17 ans et 13 jours. Ce jour-là, mon corps s’est fracassé sous la violence d’un impact qui l’a fait voler, inconscient, entre ciel et terre. Pendant un instant, la vie est restée en suspens dans ce corps brisé. Un moment d’indécision entre la vie et la mort. Puis ce fût le retour à la ligne de départ du grand jeu de la vie », écrit Sylvie Godbout dans son ouvrage, J’ai réalisé mon rêve; être ta mère, dédié à sa fille en guise de mémoires.

Quand on arrive dans l’appartement de Sylvie, on devine que ce ne doit pas être si simple d’être dans sa peau. Tout est installé de façon à laisser un espace suffisant pour que son fauteuil roulant circule aisément d’une pièce à l’autre. Les comptoirs semblent trop hauts, les armoires sont plus ou moins accessibles, même la laveuse et la sécheuse sont inadaptées. Tout rappelle à quel point ce monde est conçu pour des êtres humains sur deux pattes, et ça ne semble pas choquer Sylvie qui prend la vie de façon positive. « C’est un autre monde, il faut réapprendre et penser autrement », énonce-t-elle, tout sourire.

Elle continue de raconter son histoire sereinement, elle qui n’a jamais été en colère contre l’univers. « C’est moi qui suis handicapée, ce ne sont pas les autres », poursuit-elle. L’optimisme de cette femme est contagieux. Un peu moins d’un an après son accident, Sylvie reprend les cours à partir de sa chambre d’hôpital. Peu de temps après, elle réintègre son école et obtenait son diplôme d’études secondaires. Elle qui avait toujours rêvé d’aller à l’université ne s’arrêta pas là. Elle obtint son diplôme d’études collégiales puis intégra les amphithéâtres de l’Université Laval. Elle en est sortie avec un certificat en poche. Pour elle, « la pauvreté ce n’est pas de manquer d’argent. Si tu as l’éducation, c’est ça être riche ».

De retour à Sherbrooke, elle s’implique partout où elle peut. Sensible à la situation de ses confrères dont la mobilité est réduite, Sylvie se dévoue à la cause et permet ainsi l’obtention de plusieurs services jusqu’alors inexistants en région. « L’implication, c’est un besoin, je le fais pour tous les autres aussi », explique-t-elle.

Celle qui n’a pas de limites tombe ensuite enceinte de sa fille Émilie, qu’elle éduque seule. « Je voulais le faire seule, car quand on est limité physiquement, les autres veulent tout faire pour nous. Je n’avais pas envie que quelqu’un prenne mon rôle de mère à ma place », raconte-t-elle. « S’occuper de ma fille m’a permis d’avancer beaucoup tant sur le plan physique que mental… L’amour fait faire de grandes choses », partage la femme accomplie.

Quand Sylvie raconte sa vie, chaque personne qui s’est glissée à un moment ou un autre dans son quotidien fut agréable et douce pour elle. La femme inébranlable voit du beau dans tous ceux qui l’entourent. Un vrai exemple de force et de détermination, Sylvie est la preuve vivante que l’aventure d’une vie ne s’arrête pas à la moindre embuche.

Mère d’une fille de 28ans, Émilie;

Vice-présidente pour Handi-Capable;

Membre du Conseil d’administration de l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ);

Membre de ConcertAction femmes Estrie.